Et si les étudiants étaient formés à innover…

Partager :

Nous vivons aujourd’hui des évolutions radicales des paradigmes industriels et marketing, dans un monde devenu instable par les conflits internationaux. Le « management scientifique » sur lequel sont organisées les structures industrielles depuis le milieu du 19ème siècle ne suffit plus à régir les organisations. Pour beaucoup d’entreprises , « faire de mieux en mieux ce que l’on sait faire » est insuffisant. Il convient dorénavant d’être en capacité permanente de « faire autre chose avec ce que l’on sait faire ». C’est ce paradigme de l’innovation, avec ses challenges stratégiques et de management, que l’on doit enseigner aux étudiants aujourd’hui dans toutes les écoles de toutes disciplines.

Éduquer les consciences

Le mot « imaginer » est étymologiquement connecté au mot « image ». Imaginer, c’est produire des images. Représenter, dessiner ses idées est un savoir-faire et s’apprend. Il s’agit de faire en sorte de relier la main et l’esprit pour consacrer définitivement ce qu’est être humain. L’organisation managériale a trop longtemps valorisé l’esprit aux dépens de la main, du travail manuel, pour dessiner le « futur ». Au moment où les robots intelligents vont envahir nos vies, ou la déshumanisation du travail et des relations sociales vont connaître une nouvelle étape, il est urgent de s’interroger sur « ce qu’est être humain » dès lors que les machines seront intelligentes et sensibles. C’est probablement le sujet majeur que doivent se poser les organisations et sur lesquels les étudiants devraient être sensibilisés. Car les entreprises innovantes de demain seront celles qui garantiront cet équilibre entre l’Homme et la machine, et où le premier ne perdra pas le contrôle.

Il y a de nombreux modèles d’aide à l’innovation, le « design thinking » en est un. Il présente une méthodologie pour aller plus loin dans la représentation du changement. Mais, c’est surtout la conscience des étudiants qu’il faut éduquer. « Faire autre chose avec ce que l’on sait faire » devrait être au cœur de toutes les réflexions stratégiques. Que va faire la Poste demain dès lors qu’elle ne triera plus le courrier parce qu’il aura disparu ? Que vont faire les Compagnies d’Assurance quand les voitures seront téléguidées et qu’il n’y aura plus d’accidents ? Voilà les thématiques qui devraient être inscrites au programme des écoles de management.

L’innovation et la création au cœur de la formation au Design

Le design est une médiation entre la création et l’innovation. La création, ce sont les imaginaires, le fantasme, l’expression d’un désir irrépressible à compenser ce qui nous manque, la beauté, la passion, les valeurs…L’innovation, ce sont leurs représentations tangibles, réelles, objectives. Celles que l’on retrouve sur les marchés dès lors qu’elles sont appliquées aux produits, aux aménagements d’espace, au graphisme, aux services physiques ou virtuels.

Le design consiste à représenter les usages de demain, à les rendre compréhensibles et acceptables afin de mieux anticiper, prévoir, se préparer. Dans une logique économique, le design sert à préparer les stratégies de développement des entreprises qui réfléchissent à leur avenir.

La responsabilité du designer est de prévoir la façon dont nous allons vivre demain dans une logique de progrès. Il n’est pas Zeus, il est Prométhée, celui qui dérobe le feu du ciel et de la création pour le mettre au service de la nature. Zeus est Morale, Prométhée est éthique, sa responsabilité est engagée. Le designer est un humaniste par essence, qui se pose la question de comment s’adapter aux mutations radicales (écologiques, technologiques, économiques, sociologiques, digitales, protéiques…) dont nous sommes les acteurs. Il s’agit de vivre mieux demain.

Former les designers, leaders et managers responsables de demain

Au-delà de la création, de cette capacité à dessiner et représenter, le designer est le professionnel du partage. Car il s’agit dans une logique de management de mettre autour de la table les ingénieurs, les marketers, les financiers, les philosophes, les sociologues…pour les faire travailler ensemble autour d’une vision : quelle société, quel monde demain ? Pour ce qui est de l’économie, et dans des marchés à la fois globalisés et néanmoins contraints, le designer veillera à exprimer sa propre identité culturelle pour faire la différence. Il ne s’agit pas de devenir un designer global dans un monde global, mais un designer singulier dans un monde global. Sa propre culture doit s’enrichir de la culture de l’autre pour devenir singulière. C’est la différence qui justifie la diversité. Tous différents est gage de tolérance.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *