Double diplômes, un vœu pieux ?

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Formation d’ingénieur, de commerce, d’architecture, de design, de sciences humaines… Comment mixer les programmes et les cultures sans tomber dans le piège illusoire de former des « Pic de la Mirandole » omniscients, ce qui serait désastreux.

La table-ronde « hybridation pédagogique : quel retour d’expérience » récemment organisée à l’université Paris-Dauphine par la plateforme « Newstank »* a révélé de profondes divergences sur l’approche de la pluridisciplinarité qui prévaut dorénavant à la mise en place des programmes pédagogiques dans l’enseignement supérieur. Telle école d’ingénieurs intègre des cours de business et de management pour acculturer les scientifiques à la gestion de l’entreprise, telle école de commerce se rapproche d’écoles d’ingénieurs et d’architecture pour construire des programmes conduisant à des doubles voire triples diplômes et faire de ses étudiants des ingénieurs-architectes-commerciaux. Le double diplôme est devenu une référence et probablement un argument de vente.

S’il est possible d’avoir une culture de l’entreprise et du management en 12 ou 18 mois à raison de 3 jours par mois – les programmes d’Executive MBA en sont l’exemple patent – il n’est pas possible de devenir Ingénieur ou Designer ou Architecte en si peu de temps. Il y a un apprentissage technique qui nécessite du temps, de la maturation, une expérimentation, un investissement sans faille.

Plutôt qu’une hybridation des disciplines pour n’en faire plus qu’une seule, ce qui est vain voire désastreux, il convient de privilégier l’apprentissage du travail avec les autres. Ce qui est nécessaire pour le designer est d’apprendre à travailler « avec » les ingénieurs, « avec » les architectes, « avec » les sociologues, « avec » les « marketers »… Il s’agit de faire en sorte que les cultures et les savoirs s’ajoutent pour rentrer en résonance et non se confondent.

Il convient de rassembler toutes les disciplines et de les faire se répondre et s’enrichir. Les établissements d’enseignement supérieur doivent favoriser cette mixité, cette pluridisciplinarité. Tous les savoirs et les savoir-faire doivent s’ajouter pour un travail d’expérimentation en commun autour de la gestion de l’eau, des transitions énergétiques, des objets connectés, des mutations urbaines, du vieillissement de la population, du commerce de demain… Ainsi les établissements seront bien plus performants pour former les cadres et les chercheurs de demain.

*Think Education 2016 a réuni à Paris Dauphine le 2 février 2016 les plus grands professeurs, chercheurs et professionnels des Universités et Grandes Ecoles françaises. Une remarquable organisation et de très belles rencontres.

Néanmoins, pas un mot sur les 5 millions de personnes sans emploi en France, alors que tous, nous devrions œuvrer à résoudre cela.

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