Le design : discipline de recherche ou de toutes les recherches

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Au moment ou l’AEF organise un colloque «  Arts, Design, Mode : la nouvelle frontière de l’enseignement supérieur »*,  il s’agit de s’interroger sur la transversalité entre les Ecoles de design et l’Université, alors que les disciplines de création ne sont pas traditionnellement en France des disciplines académiques.

En France, le design n’est pas historiquement une discipline académique. Il n’y a pas de filières universitaires de design ou bien celles-ci sont très récentes et souvent confidentielles.

Pas d’université de design et pas de tradition de recherche en design. Celle-ci emprunte quelquefois aux sciences de gestion, aux sciences humaines, aux sciences de l’ingénieur, ou à d’autres disciplines…au point qu’il est difficile de définir de quoi il s’agit et d’en cerner quelquefois le sujet.

Les colloques de recherche en design font néanmoins florès sur le plan international mais leur contour et leur thématique sont extrêmement difficiles à définir tant ils sont divers et variés : « Organiser une coopérative de collecte de lait pour permettre l’émancipation économique et sociale de femmes indiennes isolées », « 3D invasif, éducation et savoir  », « Design et génération de valeur ajoutée dans les entreprises industrielles », « De l’influence de la couleur sur l’acte d’achat »…Tout devient recherche en design, et il est urgent que les académiques se penchent sur le berceau de ce nouveau-né pour en déterminer le genre et les attributs.

A moins que peut-être ce ne soit pas le plus important. Car, il y a plus urgent et plus pertinent. C’est affirmer et montrer ce que le design peut apporter aux autres disciplines. A défaut de circonscrire le sujet de la recherche en design,  celui-ci pourrait être un puissant catalyseur de la production de savoir dans toutes les autres disciplines. Sa capacité à aborder les problèmes différemment, à marier la réflexion, la création, les concepts et l’expérience, à relier la main et l’esprit, à manager des problématiques complexes qui empruntent à plusieurs champs de connaissances fait du design la matière que toutes les universités pluridisciplinaires devraient intégrer  comme liant entre toutes les sciences, les « dures » et les « molles », et pour qu’elles entrent en résonance.

Ce serait une opportunité formidable pour les écoles françaises de design que de se lier à l’Université et à ses laboratoires. Il s’agirait d’un levier puissant : Alors que les structures françaises de formation au design sont modestes et dispersées, souvent invisibles sur le plan international, s’adosser à l’Université, ce serait pouvoir revendiquer la puissance de ses laboratoires de recherche et de leur image. C’est permettre de faire reconnaître le savoir-faire français en matière d’éducation au design en lui donnant une légitimité académique et en validant tout son intérêt dans les processus de recherche et de production de savoir. Le design n’étant pas en France une filière académique, aucune crainte d’être absorbée, noyée ou de jouer de rivalités dans de vaines guerres d’Ego et de concurrence, celles qui plombent souvent les relations entre les écoles de commerce et les départements universitaires de gestion, alors qu’on a jamais eu autant besoin de réfléchir à la compétitivité et au management des entreprises.

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