Un nouvel enjeu pour l’étudiant : Apprendre le partage

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Naguère dans les écoles de design, il n’était pas rare de voir des étudiants cachant derrière la main le dessin qu’ils exécutaient de l’autre. Protéger l’idée était probablement une sorte de passage obligé pour signifier toute sa pertinence, et la révélation de son talent unique.

Cette prétention peut faire sourire aujourd’hui car il suffit de voyager un peu dans les établissements internationaux pour se rendre compte de la « poly genèse » des idées, qu’au moment où une idée germe quelque part, elle germe par ailleurs des milliers de fois. L’idée originale est un leurre, un attrape-nigaud qui obère souvent la responsabilité du créateur à la développer. C’est l’Autre qui rend pertinent ou non la justesse d’une idée. C’est son partage qui en valide sa valeur.

Mais ainsi sont « élevés » les étudiants et depuis les premières classes, on récompense plus volontiers le travail individuel que le travail collectif et le partage. Les écoles de design n’échappent pas à la règle même si la pédagogie y a beaucoup évolué en faveur du travail de groupe.

Mais, les diplômes de Bachelor et de Master sont toujours délivrés individuellement et jusqu’alors je n’ai jamais vu de groupes d’étudiants nous proposer un sujet commun de fin d’étude. Cela viendra bientôt.

Plutôt que s’obliger à protéger, veillons à partager. Une idée ne vaut que si elle est partagée, le réflexe érémitique ne conduit qu’au recul alors qu’il s’agit de faire œuvre de progrès pour tous. La « bonne » idée nécessite d’être communiquée, car il s’agit pour le designer d’en faire œuvre commune. Sa responsabilité est engagée quand il s’agit de diffuser son travail et de le faire valoir au plus grand nombre. Cette confrontation au réel, au regard de l’Autre, est essentielle pour en valider la justesse.

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