Design de service : remettre l’Homme au centre de toutes problématiques

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On nous parle de « design de service » comme s’il s’agissait d’une nouveauté. Si cette locution permet de justifier la pertinence du design au-delà du produit physique, elle n’en est pas moins contestable. Jamais aucun designer n’a créé pour ne rendre aucun service.

Pour le sens commun, le design s’applique aux belles tables, aux belles chaises, aux belles lampes, voire à de belles carrosseries automobiles. Placez une chaise blanche, un canapé blanc dans une salle aux murs blancs, et l’on trouvera que c’est « design » chez vous. Mettez un masque de carnaval sur une lampe du BHV, ajoutez-y le nom d’un grand designer  et vous aurez créé un objet « design ».

Définir ce qui serait design ou ce qui ne l’est pas n’a aucun sens si ce n’est celui qu’on veut bien lui donner.

Alors, tout est design ? Non, bien sûr que non, le design naît du sens que l’on veut donner et de celui qu’il suscite  pour générer de la valeur. Et cette valeur peut être purement émotionnelle ou plus objectivement tangible et mesurable. La fonction, l’ergonomie, l’utilisation de nouveaux matériaux, la prise en compte des évolutions des contextes écologiques, sociologiques, technologiques, économiques, culturels…autant de paramètres qu’il convient d’intégrer pour donner du sens, celui du « mieux », et selon le contexte, pour être plus rentable, pour apporter du progrès ou générer de l’émotion.

Et cela s’applique évidemment à tout, aux produits, aux emballages, aux aménagements d’espace, aux objets interactifs, au graphisme, mais aussi aux maisons, aux villes, aux entreprises, aux institutions politiques, à ce que nous avons dans l’assiette, à la médecine…A tout !

Le design n’a jamais été aussi pertinent alors qu’il s’agit de « faire sens » dans un monde qui aujourd’hui est bouleversé de transitions radicales dans tous les domaines. Chocs culturel, écologique, sociologique, technologique, digital…Même la mort, la nôtre, jusqu’alors purement objective, est sujette à caution. Les Transhumanistes nous annoncent sa fin prochaine. « Dieu est mort » avec Nietzsche, « la Mort est morte » avec Kurzweil. Comment « faire sens » dans un monde où les repères se floutent ?

Jamais aucun designer n’a créé un produit sans se soucier du service qu’il allait rendre, qu’il soit moral, physique et/ou économique. Alors pourquoi parler de « design de service » ? Probablement parce que le sens commun désigne souvent des « produits de designer » et qu’il s’agit d’en étendre la compréhension et le recours à la relation intangible aux usagers, aux clients, aux citoyens…

L’intérêt du vocable «  de service » permet au design d’avoir une meilleure compréhension de son caractère inclusif de toutes problématiques.  La qualité de service prétendait revoir « la relation client » il y a 30 ans alors que la Qualité nous posait la question de « faire de mieux en mieux ce que l’on sait faire ».

Le « design de service » nous interroge à « faire autrement avec ce que nous savons faire ». Il a pour objet de remettre l’Homme au centre de toute problématique. Au moment où l’on n’a jamais autant parlé de robot, la mission du designer devient essentielle pour les entreprises et la société en général.

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